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Je ne suis pas énervée, putain !

Alors là, franchement, il faut dire un mot sur le mot énervée mais surtout sur la vulgarité avec laquelle il est librement employé... par des hommes.

Je constate que beaucoup d’hommes ont toujours du mal à voir que chez les femmes (et tous les êtres confondus), il existe aussi une riche palette d’états d’esprit. On n’est pas que calme ou énervée, et parmi ces deux extremes il y a toute une diversité de sentiments et d’émotions qui nous appartiennent tout autant qu’à vous (oui, oui, c’est encore un constat d’inégalité). Pour celles et ceux qui me connaissent, vous savez que je suis plutôt tranquille comme nana, mais que je suis aussi passionnée, engagée et très authentique. Eh bah ça fait que dans certains moments, quand je parle d’un sujet qui me passionne ou qui me touche, quand je défend une idée, ou quand je n’aime pas quelque chose ou refuse un truc... on me taxe d’énervée. Et quand je dis on, je veux dire exclusivement mes potes mec. Pas tous bien sûr, mais assez pour justifier cet article, donc beaucoup quand même !

Tout simplement, au moment d’un échange avec un ami, si je change ma cadence, mon intensité de discours ou mes expressions, paf, on me sort direct : ne t’énerves pas, ou il ne faut pas s’énerver, ou on dirait que ça t’énerve.


Et pourtant pas du tout, c’est pourquoi je leur dis : non, je ne suis pas énervée.


Hélas, cela ne suffit pas pour les convaincre, car en plus de l’aperçu binaire calme ou énervée de l’esprit d’une femme, il y a aussi la difficulté d’entendre (et comprendre) un non quand il sort de notre bouche. Alors on ne me laisse pas continuer la conversation et on insiste : mais si t’es énervée, comme si je n’étais pas en capacité de savoir par moi-même si je le suis ou pas. Drôlement similaire aux échanges du type : non je n’ai pas envie x mais si t’as envie, qui génèrent autant d’agressions et de victimes.

Mais soulagez-vous, je n’écris pas ça pour vous traiter d’agresseurs les hommes, les amis, les potes. J’écris ça pour signaler, et j’espère expliciter, que la dé-construction du machisme en vous doit aller beaucoup plus en profondeur. Car pendant qu’on est dans une ère où nous voulons, hommes, femmes et personnes non binaires confondu.e.s, donner plus de voix aux femmes, je me fais couper la mienne par mes potes féministes et engagés sans même qu’ils ne s’en rendent compte ! Et pendant ce temps, je n’ai pas un seul souvenir d’une copine qui m’ait coupé la parole pour me signaler que je m’énervais... Et pourtant ont refait souvent le monde entre nous. Et la diversité des émotions qui en sort dans nos discussions, est toujours accueillie naturellement.

Je vous invite donc, mes amis, à vous éduquer sur nos émotions, à ne pas couper notre parole et à la croire : surtout quand on vous dit non, dans n’importe quelle situation. Et quand on s’énerve, car oui ça arrive aussi, rappelez-vous qu’on en est légitimes, qu’il y a sûrement une raison, et que nous entendre est probablement la solution.

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