LE LOUP-GAROU
La plupart des femmes se couvrent tous les mois. Comme les loups-garous, elles sont obligées de cacher les poils qui leur poussent entre une épilation et la suivante, puisque pour pouvoir les arracher, il faut bien attendre qu'ils repoussent. Malgré le fait qu'elles aient intégré cette coutume étrange, coûteuse et douloureuse, elles continuent d’être jugées si jamais un poil dépasse. Et ce risque est éminent, puisque d'avoir des poils émergents n'est que le signe d'un corps sexuellement mâture et en parfaite santé.
LA CHAUVE
Il y a quelques années, j'avais de longs cheveux … et la certitude de ne jamais les couper. À l'époque, j'avais aussi un copain jaloux et violent, qui m'a fait perdre une grande partie de mes boucles, dû au stress subi dans cette relation.
C'est ainsi que très jeune je me suis retrouvée à dissimuler mes défaillances capillaires (pour donner l'impression que j'avais plus de cheveux) et en même temps, je devais cacher mes poils (pour donner l'impression que je n'en avais aucun).
Et déjà à cette époque, je commençais à trouver que ça sonnait faux...
LE MACAQUE
C'est pourquoi à ce moment-là, je me suis fait le plaisir de couper mes cheveux bien courts. J'ai éprouvé une grande sensation de liberté ! Plus de cette angoisse de me coiffer proprement pour cacher les failles capillaires. Trop fatiguant et pénible cette vie de simulation, pas un truc pour moi : oui j'ai des failles au crâne, je m'en fiche et je m'assume ! Mais la vie d’authenticité a aussi son prix : le jugement d'autrui.
Tous mes amis hommes se sont sentis dans l'obligation de me dire qu'ils n'aimaient pas ma nouvelle coupe et j'avais eu droit à quelques réflexions qui n’envisageaient pas de soutenir mon estime de soi.
J'ai même un jour croisé un garçon très jeune avec une calvitie avancée, qui se sentait triste de sa condition. Pour lui remonter le moral, je lui ai dit que ça ne changeait en rien son charme et que moi aussi j'avais des failles. « Sur un homme ça passe encore, mais sur une femme c'est dégueulasse ! » il m'a dit, scandalisé. Au moins il s'est tout de suite senti mieux avec lui-même… pas exactement comme je l’avais prévu, mais mon but était atteint !
Des années après, je rencontre un autre garçon. Nous sortons ensemble depuis quelques semaines et il insiste pour que je laisse pousser mes cheveux. Au même moment, un médecin décide que je suis très malade et que c'est sûrement un cancer (il avait tort). Donc je ne ferais pas pousser mes cheveux, puisque j'allais peut-être tous les perdre d'un coup. Conséquence : j'ai été quittée par ce garçon à la sortie de la clinique, le jour même de mon tout premier examen de cancérologie : « les cheveux longs sont un signe de féminité » il m'a dit, sérieux.
Un collègue au travail entend parler de cette histoire, et me propose un verre pour me remonter le moral. On est en septembre, il fait encore bon et j’en profite pour mettre une robe d'été. Je n'étais pas épilée. Il fixe ma jambe de son regard : « Au début, vous les femmes vous faites des efforts, vous êtes toute jolies et bien foutues, mais quand vous créez de l'intimité avec nous, vous vous portez n'importe comment. Regarde tes jambes, on dirait un macaque ! ... Après vous êtes étonnées qu’on ait pas envie de rester avec vous » il m'explique, choqué.
Et là encore ça sonnait faux :
L’un me quitte parce que je n'ai pas assez de poils sur ma tête, alors que l'autre m’engueule parce que j'en ai trop sur mes jambes... Ainsi comme quand on s'attendait à ce que je fasse semblant d'avoir plus de cheveux et de n’avoir aucun poil.
De Malleus Maleficarum au petit gars croisé dans le bar l'autre jour : c'est quoi cette paranoïa avec notre pilosité ? C'est quoi cette obsession indatable et interminable avec le corps féminin ? Ne pouvez-vous pas nous foutre la paix ?
LA BELLE
Combien d'entre vous aiment une femme qui est dans un vrai corps de femme ? Ou aimez-vous un semblant de femme que vous nous obligez d'être ?
Ce que je trouve particulièrement triste, c’est que à cause de cela beaucoup de femmes ne se permettent pas de faire l'amour. J'ai une collection d'histoires de copines qui racontent ne pas avoir couché avec quelqu'un dont elles avaient « TROP » envie, simplement parce qu'elles n'étaient pas épilées. Dans la plupart des cas ce sont des moments coquins et totalement imprévus. Et c'est justement cet aspect naturel qui rend ces situations uniques. Mais elles préfèrent donner une excuse et prennent un autre rendez-vous, pour lequel elles vont pouvoir se préparer : voilà la petite mort de la spontanéité. Chez les femmes, si on doit se comporter selon la norme, on doit prévoir d’être susceptible de faire l'amour, car si cela arrive, il faut être bien apprêtée... Zzzzz... déjà, d'écrire cette phrase, ça m'enlève toute excitation. Pas de place à l’émerveillement des moments inattendus, mais pourtant, l'amour sans spontanéité, je ne vois pas trop ce que c'est.
C'est dans cette folie spontanée que je me suis retrouvée un jour avec un garçon sans être du tout – mais pas du tout, épilée. Choquée par ma propre distraction et imperfection je me suis excusée pour ma pilosité. Il a tout arrêté pour me regarder dans les yeux : « Regarde toi, tu es belle ! Et toute nue devant moi ! Je suis un homme vraiment chanceux... si jamais tu te montres comme ça à un mec et qu'il se sent dérangé par tes poils, tu ne te prends même pas la tête, car celui-là n'aime pas les femmes » il m'a dit, sincère.
Et toi ? T'aimes les femmes comme elles sont ?
Ou voudrais-tu qu'on continue à faire semblent ?
Avec cette vidéo je participe aux #poucesdor2019 organisé par le supers Internettes.
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